?
Posté le 15/05/2025 à 16:05

Consommation : pourquoi les Français ne dépensent toujours pas ?


-0,6 % au premier trimestre, selon l’Insee. C’est un coup dur pour la consommation. Malgré des indicateurs économiques favorables et un pouvoir d’achat en légère hausse, les Français restent prudents.

Mauvaise nouvelle. Au premier trimestre 2025, la consommation des ménages en biens a reculé de 0,6 %, selon l’Insee. Une tendance surprenante au regard du contexte économique, marqué par :

  • une inflation modérée (+0,8 % sur un an) ;
  • une légère reprise du pouvoir d’acha

En mars, la consommation de biens a chuté de 1 %, atteignant son niveau d’il y a plus de dix ans, en novembre 2014. Résultat : les ambitions de Bercy pour une croissance portée par la consommation (objectif de +1,2 % cette année) semblent compromises.

Dans le détail, les achats de biens durables sont les plus touchés : les ventes de voitures et deux-roues ont chuté, freinées par la fin du bonus écologique, le durcissement du malus et l’entrée en vigueur de nouvelles normes en janvier. Le secteur alimentaire n’est pas épargné non plus, avec un repli de 0,8 %.

Si les achats matériels patinent, les dépenses en services, elles, repartent légèrement à la hausse (+0,5 %), après avoir baissé de 0,1 % fin 2024. En cause ? Les Français consomment davantage dans les secteurs du voyage, des loisirs ou de l’hébergement-restauration. Selon l’OFCE, entre mi-2021 et début 2025 :

  • les dépenses de services en hébergement-restauration ont progressé de 17 % ;
  • les achats de biens ont reculé de 5 % ;
  • les dépenses alimentaires sont en retrait de 8 %.

Pour Philippe Moati, de l’Observatoire Société et Consommation (ObSoCo), cette bascule « pour l’achat de services plutôt que de biens » reflète une transformation durable : les ménages se détournent peu à peu de l’accumulation. Ils privilégient l’expérience à la possession, le vivre plutôt que l’avoir. Concrètement, mieux vaut pour eux financer un séjour que s’acheter un nouvel écran plat ou renouveler leur garde-robe.  

Au-delà des arbitrages personnels, l’environnement économique et politique pèse lourdement sur les comportements d’achat. Malgré des indicateurs favorables, la confiance des ménages reste fragile. L’indice mesuré par l’Insee reste d’ailleurs sous sa moyenne historique depuis l’automne 2021, et l’épargne reste élevée. En moyenne, 250 € sont mis de côté chaque mois par précaution, plutôt que réinjectés dans la consommation. La crainte de hausses d’impôts, l’inquiétude face à la dette publique et un contexte géopolitique tendu n’incitent pas les ménages à se relâcher. Or, si la consommation ne repart pas à la hausse, « c’est toute la croissance de 2025 qui risque d’être mise en péril », rappelle Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE.   

Votre simulation gratuite
Type de projet
Mes crédits en cours