Pouvoir d’achat : les jeunes gagnent-ils vraiment moins que leurs parents ?
Le Haut-commissariat à la stratégie et au plan s’est penché sur le sentiment de déclassement générationnel. Résultat : si les jeunes sont plus diplômés, ils peinent à s’enrichir.
Des jeunes plus diplômés, mais plus fragiles professionnellement
La phrase revient souvent : « Nos parents vivaient mieux que nous ». Pourtant, les chiffres apportent une lecture plus nuancée. Selon une note publiée le 21 octobre par le Haut commissariat à la stratégie et au plan, les moins de 30 ans d’aujourd’hui sont en moyenne plus instruits que leurs aînés. Ainsi, la moitié d’entre eux détient un diplôme de niveau Bac + 5, contre un sur cinq dans les années 1970. Mais cette progression académique ne se traduit pas toujours par une meilleure insertion sur le marché du travail. En 2023, seuls 35 % des moins de 25 ans exercent un emploi, et parmi eux, à peine 43 % disposent d’un poste stable (CDI ou fonction publique). Dans les années 1980, ils étaient trois quarts à bénéficier de cette sécurité. En cause :
- un marché du travail moins porteur ;
- une croissance atone ;
- et un chômage structurellement élevé chez les jeunes, y compris les diplômés.
Un déclassement relatif malgré un salaire en hausse
Sur le papier, les jeunes actifs d’aujourd’hui sont mieux rémunérés que leurs parents à leur entrée dans la vie professionnelle. En euros constants, ceux qui ont débuté leur carrière entre 2009 et 2011 perçoivent un salaire annuel net supérieur de 11 à 13 % à celui des générations entrées sur le marché entre 1975 et 1980. Mais cette amélioration reste trompeuse : le PIB par habitant a doublé depuis 1975, sans que cette croissance ne profite équitablement à tous. L’augmentation du chômage et le financement des retraites ont absorbé une partie de cette richesse. Résultat : les écarts de revenus entre classes d’âge se sont inversés.
- En 2019, le revenu moyen des 30-34 ans était inférieur de 13 % à celui des 50-54 ans ;
- En 1979, il leur était supérieur de 9 %.
La note conclut à une dégradation de la position relative des jeunes dans l’échelle des revenus, une forme de stagnation silencieuse qui alimente le sentiment de déclassement. Pour ajuster leurs finances personnelles, certains foyers se tournent vers le rachat de crédits. Une opération qui consiste à regrouper leurs prêts afin de réduire leurs mensualités via l’allongement du prêt.
Un patrimoine désormais concentré chez les plus âgés
Au-delà du salaire, c’est le patrimoine qui accentue les fractures générationnelles. En 1986, les ménages de 30 à 39 ans détenaient près de la moitié du patrimoine médian des 50-59 ans. En 2021, ils n’en possèdent plus que 28 %. À l’inverse, les plus de 70 ans ont vu leur richesse s’envoler : leur patrimoine médian équivaut désormais à 118 % de celui des 50-59 ans, contre 36 % il y a quarante ans. L’explication principale ? Le coût croissant de l’accès à la propriété, devient un obstacle majeur pour les jeunes générations, malgré un niveau de qualification supérieur.